Si l'édification des hôtels s'est arrêtée
en 1929 à Primel-Trégastel, celle des villas et de leurs descendantes
se poursuit encore aujourd'hui, et cette juxtaposition, au gré de
la vente des terrains, d'architectures au programme similaire sur une période
de plus d'un siècle n'est pas le moindre intérêt de
la station. |
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A l'époque de l'élaboration de celle-ci, vers 1890, la "villa" est déjà un concept architectural précis. Elle correspond à une volonté de modernité, ou de progrès, et se démarque, par exemple, de la notion d'hôtel particulier. A la fois semblables et différentes, les villas utilisent le même langage décoratif, l'éclectisme, dans lequel se reconnaît la société cultivée d'alors. Mais le répertoire illimité de l'éclectisme permet à chaque propriétaire (ou à chaque architecte) de montrer son individualité et sa faculté à combiner les formes artistiques. La sobriété des maisons bourgeoises précédentes va être remplacée par la recherche passionnée du pittoresque. A la calme façade ternaire traditionnelle va s'opposer un emboîtement dissymétrique de volumes où joueront de forts contrastes d'ombre et de lumière, perpétuellement déplacés au cours des heures de la journée. Au coeur du combat, les ornements de détail vont être choisis avec soin, dans une démonstration décorative étrangère à la logique chronologique ou géographique. Les emprunts, juxtaposés, relèveront aussi bien de l'occident ogival que du classicisme gréco-romain. Mais cette mise en scène est régie scrupuleusement; si certaines façades sont privées d'ornements, c'est qu'elles appartiennent à un volume de service, et sont donc désignées comme ne devant pas appartenir à la vie sociale "savante". Route du Sémaphore, Ker Blanche et Ker Marguerite (aujourd'hui Ker Mané) voisines, confrontent ancienne et nouvelle conceptions. |
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Le volume intérieur des villas se veut "moderne", et les proportions sont travaillées dans la volonté de créer des pièces agréables, ni trop grandes, ni trop petites, distribuées de façon logique en considérant les articulations entre le service, la vie sociale et la vie privée. A la manière anglaise, la cuisine peut être au sous-sol, et communiquer avec l'office au moyen d'un monte-plats. Au-dessus, le salon-salle à manger, ancêtre de notre actuel séjour, permet la vie commune de la famille, ici dans le moment particulier des vacances. Il fait l'objet de la décoration la plus soignée: lambris formant motifs, cimaises, corniches, plafond à rosace ou à travail de menuiserie. La cage d'escalier est placée de façon à permettre une circulation indépendante, facilitant des échanges directs. Les chambres du premier étage sont réservées aux parents et à la famille, le second ou les combles étant le domaine des enfants et de la bonne. | ||
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