Le château de Primel et les Espagnols

Pour débuter mon récit, je me suis fortement inspiré du livre Plougasnou - Mille ans d'histoire de Joseph Floch édité à compte d'auteur en 1976 (Je crains que vous n'ayez quelques difficultés à vous le procurer). Mes talents littéraires étant, comme vous avez pu le remarquer, des plus limités, je me suis souvent contenté de paraphraser l'auteur. Ceci n'a évidemment pas été fait dans le but de lui piller son oeuvre mais plutôt de lui donner la reconnaissance qu'elle mérite.

Le site

Le Château de Primel était à l'époque bâti sur la partie extrême de la Pointe que vous avez pu découvrir dans ma présentation photographique sous la dénomination d'île. Il s'agit, en réalité, d'un petit éperon rocheux séparé du continent par une crevasse large d'environ 6 mètres envahie par la marée montante mais franchissable à pieds secs à marée basse.

L'île vue de loin.
L'île du château est le monticule situé à l'arrière plan de la photo.
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Le gouffre qui sépare l'île du continent.
La crevasse qui sépare l'île (à droite) du continent (à gauche) constituait la meilleure défense pour les occupants.
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Le contexte

L'histoire de l'occupation du Château de Primel doit être replacée dans son contexte historique afin de mieux la comprendre.Toute l'histoire prend sa source à l'époque de la Ligue qui, en 1575 était un mouvement de protestation catholique contre les progrès des idées nouvelles. L'accession au trône de France de Henri IV contribua à scinder la population en deux, d'un côté ceux attachés au roi, de l'autre des catholiques ultras qui refusait d'accepter un renégat comme roi.

La situation en Bretagne

Le Parlement de Bretagne acquis à la cause du roi chercha à convaincre les populations réfractaires de l'attachement du souverain à l'unoin et aux statuts de l'église catholique. La région de Morlaix se montra parmi les plus réfractaires et au cours d'une bataille sanglante, en 1590, deux des défenseurs du roi, Coetnizan et Goesbriand, furent faits prisonniers. Libéré contre rançon un an plus tard, ce dernier ne tarda pas à renier le roi pour se tourner vers des activités plus rémunératrices en dépouillant les gens qu'il accusait d'être du parti du roi.

Goesbriand à Primel

Un beau jour, Goesbriand se fit déloger de son fief de Coat Frec par un brigand du nom de La Fontenelle. En compensation, Goesbriand reçu du duc de Mercoeur la garde du château de Primel. De ce point stratégique, il pouvait continuer ses exactions au nom de Mercoeur et de la Ligue en rançonnant les bateaux qui ralliaient le port de Morlaix.

En 1595, Morlaix se soumit au roi ce qui poussa Goesbriand à faire de même. Il pu ainsi lever une compagnie d'hommes d'armes. Il poursuivit ainsi ses exactions contre tous, les accusant cette fois d'être à la solde de la Ligue.

Les Espagnols et La Fontenelle

Finalement, ce ne furent pas les plaintes qui eurent raison de Goesbriand mais son ennemi La Fontenelle qui s'intéressait à cette forteresse imprenable qu'était le Château de Primel. Pour mettre à exécution son plan, il fit appel à une troupe d'Espagnols de Philippe II avec lesquels il réussit l'exploit de prendre la forteresse imprenable de Primel, le 20 avril 1596.

Le côté facile
L'ascension de l'île est possible sur le flanc Est.
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Le côté difficile.
Mais beaucoup plus difficile sur le flanc Ouest.
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Les Espagnols conservèrent le Château de Primel alors que les brigands de La Fontenelle se repliaient dans les terres. Ces derniers habitués à vivre de pillages se mirent vite la population locale à dos contrairement aux Espagnols du Château qui parvinrent à entretenir des rapports cordiaux avec les habitants des environs.

La Fontenelle voulait cependant s'emparer du Château pour son propre compte et il décida d'en déloger les Espagnols. Sa tentative échoua ainsi que les deux tentatives du gouverneur de Morlaix. Finalement, en mai 1598, les Espagnols plièrent bagages gagnés par le mal du pays.

Après le départ des Espagnols

Le fort fut à nouveau occupé par des soudards en 1616. Ils en furent rapidement chassés par Boiséon, le gouverneur de Morlaix qui fit raser les ouvrages construits par les Espagnols.

Les ruines du château.
Depuis le départ des soudards, il ne reste plus grand chose du Château de Primel.
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Depuis, l'île est redevenue déserte est difficile d'accès. Au début du siècle, un pont métallique fut installé pour la relier au continent. Depuis sa disparition, il n'a pas été reconstruit.

 

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