Ouest France - Morlaix le 12 septembre 1966

L'aménagement du port de Primel

La première tranche des travaux débutera à la fin de l'année et verra la construction d'un mur de protection et d'accostage

Le problème de l'aménagement du port de Primel est un problème qui ne date pas d'aujourd'hui. Maintes et maintes fois, on en a parlé, puis reparlé. Il semble enfin que les démarches vont aboutir et, en ce qui concerne le début des travaux, ce n'est plus qu'une question de temps.

Une digue de 450 m

Le 8 décembre 1964, le 'Conseil Général a accepté de participer au financement des travaux d'aménagement de six ports bretons : Douarnenez, Primel, Roscoff, l'AberWrac'h, Bénodet et Brest.
Le dossier Primel, qui était en seconde position, avait été mis en sommeil pendant quelque temps. II vient d'être ressorti et se trouve sur le point d'être concrétisé. Il s'agit de construire un ouvrage de protection et d'accostage avec cale.
La digue qui sera réalisée le sera surtout à des fins de plaisance, mais les marins-pêcheurs du port y auront naturellement accès. La première tranche comporte la réalisation d'un ouvrage de 450 mètres. Celui-ci partira de la crique du Diben, visible sur notre plan et sur la photo, pour rejoindre l'îlot rocheux de Roch-Telez, et, au-delà l'îlot de Roch-Talon, qui se trouve en bordure de la passe.


Ces îlots rocheux sont recouverts à marée haute et Roch-Talon particulièrement, qui se trouve, comme nous venons de le dire, près de l'endroit ou passent des bateaux, a déjà fait plusieurs victimes. Selon un vieux marin-pêcheur de Primel, dont les souvenirs remontent dans la nuit des temps, plusieurs bateaux y furent envoyés par le fond, d'où son nom de Roch-Talon, la roche qui talonne.

240 millions d'A F

Le montant total des travaux de la première tranche s'élève à la somme de 2.400.000 nouveaux francs. L'Etat accorde une subvention de 20 %, soit 480.000 nouveaux francs, et le département une subvention de 30 %, soit 720.000 nouveaux francs. Le reste, soit 50 % du coût initial, est à la charge de la commune de Plougasnou, qui est maître d'œuvre.
L'adjudication des travaux aura lieu avant la fin de l'année, du moins en ce qui concerne la première tranche, et terminée dans un an et demi ou deux ans au plus tard.
II restera, par la suite à construire une autre digue qui partira de la pointe de Primel pour rejoindre la passe.

Du pour et du contre

Au Diben et à Primel-Trégastel, les avis diffèrent en ce qui concerne cet ouvrage. Un marin-pêcheur, que nous avons rencontré à la pointe du Diben, nous a dit : " C'est du bricolage. II eut mieux valu construire une digue un peu plus au large, presque à la pointe du Diben. D'abord, c'est plus étroit et, ensuite, elle aurait offert beaucoup plus de protection. Il faut voir les rouleaux de mer qui déferlent dans le passage par gros temps."
Un de ses compagnons est allé plus loin en regrettant que ne soit pas réalisé un port en eau profonde. " Surtout par fierté, déclarait-il, ce port aurait été le seul en eau profonde de la baie de Morlaix. La construction projetée sera d'une évidente utilité pour les plaisanciers et les petits bateaux. Mais les gros ? Le passage de l'anse de Primel a assez de profondeur pour recevoir les bateaux de fort tonnage " .
Un habitant de Plougasnou, lui, a déclaré : " Les gens vont se plaindre. Ils auront encore plus d'impôts et les marins-pêcheurs vont payer forcément plus cher. II faudra bien trouver l'argent quelque part ".
Un marin-pêcheur affirme que la. digue ne sera d'aucune utilité
" Vous n'allez quand même pas croire que je vais débarquer mon poisson là ? Et puis, il n'y aura même pas de route pour rejoindre le bourg ".
" Vous savez, nous dit un autre, plus normand celui-là, il y a du pour et du contre. Moi, je fais confiance à ceux qui ont décidé de faire cette construction ":
II ressort quand même que l'unanimité se soit faite de réaliser quelque chose. II ne reste plus qu'à attendre la construction de cet ouvrage et constater son utilité qui, à n'en pas douter, sera quand même très grande.