Le problème de l'aménagement du port de Primel est un problème qui ne date pas d'aujourd'hui. Maintes et maintes fois, on en a parlé, puis reparlé. Il semble enfin que les démarches vont aboutir et, en ce qui concerne le début des travaux, ce n'est plus qu'une question de temps.
Le 8 décembre 1964, le 'Conseil Général a accepté
de participer au financement des travaux d'aménagement de six ports bretons
: Douarnenez, Primel, Roscoff, l'AberWrac'h, Bénodet et Brest.
Le dossier Primel, qui était en seconde position, avait été
mis en sommeil pendant quelque temps. II vient d'être ressorti et se trouve
sur le point d'être concrétisé. Il s'agit de construire
un ouvrage de protection et d'accostage avec cale.
La digue qui sera réalisée le sera surtout à des fins de
plaisance, mais les marins-pêcheurs du port y auront naturellement accès.
La première tranche comporte la réalisation d'un ouvrage de 450
mètres. Celui-ci partira de la crique du Diben, visible sur notre plan
et sur la photo, pour rejoindre l'îlot rocheux de Roch-Telez, et, au-delà
l'îlot de Roch-Talon, qui se trouve en bordure de la passe.
Ces îlots rocheux sont recouverts à marée haute et Roch-Talon
particulièrement, qui se trouve, comme nous venons de le dire, près
de l'endroit ou passent des bateaux, a déjà fait plusieurs victimes.
Selon un vieux marin-pêcheur de Primel, dont les souvenirs remontent dans
la nuit des temps, plusieurs bateaux y furent envoyés par le fond, d'où
son nom de Roch-Talon, la roche qui talonne.
Le montant total des travaux de la première tranche s'élève
à la somme de 2.400.000 nouveaux francs. L'Etat accorde une subvention
de 20 %, soit 480.000 nouveaux francs, et le département une subvention
de 30 %, soit 720.000 nouveaux francs. Le reste, soit 50 % du coût initial,
est à la charge de la commune de Plougasnou, qui est maître d'uvre.
L'adjudication des travaux aura lieu avant la fin de l'année, du moins
en ce qui concerne la première tranche, et terminée dans un an
et demi ou deux ans au plus tard.
II restera, par la suite à construire une autre digue qui partira de
la pointe de Primel pour rejoindre la passe.
Au Diben et à Primel-Trégastel, les avis diffèrent en
ce qui concerne cet ouvrage. Un marin-pêcheur, que nous avons rencontré
à la pointe du Diben, nous a dit : " C'est du bricolage. II eut
mieux valu construire une digue un peu plus au large, presque à la pointe
du Diben. D'abord, c'est plus étroit et, ensuite, elle aurait offert
beaucoup plus de protection. Il faut voir les rouleaux de mer qui déferlent
dans le passage par gros temps."
Un de ses compagnons est allé plus loin en regrettant que ne soit pas
réalisé un port en eau profonde. " Surtout par fierté,
déclarait-il, ce port aurait été le seul en eau profonde
de la baie de Morlaix. La construction projetée sera d'une évidente
utilité pour les plaisanciers et les petits bateaux. Mais les gros ?
Le passage de l'anse de Primel a assez de profondeur pour recevoir les bateaux
de fort tonnage " .
Un habitant de Plougasnou, lui, a déclaré : " Les gens vont
se plaindre. Ils auront encore plus d'impôts et les marins-pêcheurs
vont payer forcément plus cher. II faudra bien trouver l'argent quelque
part ".
Un marin-pêcheur affirme que la. digue ne sera d'aucune utilité
" Vous n'allez quand même pas croire que je vais débarquer
mon poisson là ? Et puis, il n'y aura même pas de route pour rejoindre
le bourg ".
" Vous savez, nous dit un autre, plus normand celui-là, il y a du
pour et du contre. Moi, je fais confiance à ceux qui ont décidé
de faire cette construction ":
II ressort quand même que l'unanimité se soit faite de réaliser
quelque chose. II ne reste plus qu'à attendre la construction de cet
ouvrage et constater son utilité qui, à n'en pas douter, sera
quand même très grande.